Chapitre 12

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Dans un claquement assourdissant, les thaumaturgies qui scellaient les portes du complexe monolithique tombèrent sous les mains de Nakirée. En une vague géante de lumière, les millions d'élohim de Sicad se précipitèrent à l'intérieur. La plupart d'entre eux dissolurent leurs enveloppes charnelles pour ne devenir que des halos de lumière, flottant dans un véritable océan. Comme des torrents déchainés, els se déversèrent dans les longs couloirs souterrains du complexe mystérieux, inexploré depuis des millénaires. Els ne virent rien de particulier. Juste des couloirs aux murs de cristal sombre.

Nakirée, Miel et Hémoée gardèrent leurs corps. En tant que gardien des monolithes, Nakirée fut porté par la vague des élohim. El leur indiqua où aller, les guidant dans l'immensité souterraine. 

— Tout le monde pourra tenir ici ? demanda Hémoée.

— Oui, largement, répondit Nakirée.

— On va tomber sur quoi là-dedans ? demanda le jeune chérubin.

— Rien ! s'emporta Nakirée trop préoccupé pour répondre à mille questions.

— Pourquoi es-tu ici Hémoée ? demanda Miel alors qu'els continuaient de voler. Comment as-tu fini là alors que ton père t'as envoyé vers l'évac ? 

— Je sais pas, déplora le jeune chérubin. Je volais, puis le vent a soufflé et quelques instants plus tard, j'étais là, dans la vallée. 

— Tu peux remercier Miel pour cela, j'en suis certain, cracha Nakirée. 

— Quoi ? s'indigna Miel. 

— Tu l'as ramené ici pour me forcer à ouvrir les monolithes ! rugit Nakirée.

— Non ! Je ne ferai jamais une telle chose ! protesta Miel.

— Tu t'es montré capable de bien des tromperies récemment.

— C'est Burrhus ! affirma Miel. C'est el le problème ! Hémoée ? Essaye de te souvenir ! N'as-tu pas vu un séraphin arriver sur toi ? Te faire chuter ? 

— Je... je sais plus... balbutia Hémoée. 

— Je suis sûr que nous croiserons bientôt Burrhus ici de toute façon, dit Nakirée. Maintenant que le complexe des monolithes est ouvert...

— Que veut-el faire ici ? demanda Hémoée.

— El veut accéder aux… à ce qui repose ici, avoua finalement Miel. 

— Ah ?! Tu te livres enfin ? ironisa Nakirée. 

— Non ! Je reprends juste ta logique imparable ! riposta Miel.

Nakirée ne répondit pas. El se dédia aux élohim, les rassemblant dans un espace immense, une caverne antique en forme de coupole. Elle était faite de cristal noir, ses murs gravés d'inscriptions ésotériques à peine visibles sous la lumière des élohim. Le plus surprenant cependant, c'était que le sol était recouvert de sable doré. Alors que Nakirée indiquait aux élohim de s'installer ici, ces derniers se réincarnèrent rapidement dans une enveloppe physique pour jouer avec ce sable étrange. 

Nakirée se concentra sur le réseau EL. La majorité des élohim l'avaient suivi ici. La communication télépathique dans le réseau avait été efficace. Mais déjà, de petits groupes se détachaient de la ruche pour aller explorer le complexe souterrain. Malgré la catastrophe imminente, une curiosité étrange s'emparait d'els. Els voulaient découvrir les secrets de ces monolithes, ces monuments au sujet desquels depuis toujours, on leur racontait des légendes. Que se cachait-il là-dessous ? Nakirée vociféra dans le réseau EL pour rassembler tout le monde, en vain. Miel prit le relais, reprenant son rôle de souverain. Son halo rose grandit pour devenir aveuglant. Les élohim reportèrent leur attention sur el, sur ses ordres, ses mots. Par son pouvoir de Présence, el ramena ses millions de sujets à el.  

Sauf un. 

Nakirée profita de cela pour s'éclipser. Emportant Hémoée avec el, el se glissa dans un petit passage et atteignit une salle hexagonale, remplie de machines de cristal tarabiscotées. Hémoée ouvrit grand les yeux. El n'avait jamais vu de tels engins. Ils étaient tout noirs. Leurs formes semblaient plus organiques que mécaniques. Nakirée concentra les flammes bleues de son halo sur ces machines. Son esprit commença à travailler. Hémoée n'osa rien dire, rien demander. Au bout de quelques instants, Miel débarqua, essoufflé. El ouvrit la bouche pour fustiger Nakirée mais ce dernier le coupa :

— Tu devrais rester auprès de ton peuple, dit l'archéo-tech. 

— Je dois garder un œil sur toi Nakirée. 

— Burrhus va arriver, Burrhus va arriver, se mit à chanter le chérubin en continuant de travailler sur les machines. 

— Nous devrions discuter avec el, dit Hémoée en s'agitant. Savoir ce qu'el veut, trouver un arrangement. C'est seulement comme ça qu'on comprendra enfin ce qu'il se passe ici.

— Pas la peine, j'ai ma petite idée de ce qu'el compte faire, dit Nakirée. Miel peut t'expliquer. 

— Oh non. Je te laisse éduquer ton fils aux mystères. Tu veux faire d'el un Interracs non ? Commence son initiation maintenant !

— Non ! Pas maintenant ! rugit Nakirée. 

— On sait ce qui se cache ici toi et moi, répondit Miel, d'un ton sévère, sans se laisser impressionner par le grand chérubin. Toi parce que tu es un stupide Interracs, et moi parce que j'étais ici à l'époque où cet endroit était encore… Bref. On sait que Burrhus a fait partir les azohim du sanctuaire. Tant mieux sans doute. Mais sachant cela, les raisons de son intérêt pour les monolithes deviennent évidentes !

— Il y a des azohim qui reposent ici ?! comprit Hémoée.

— Chut ! Ça n'a pas d'importance là ! s'énerva Nakirée. 

— Si, ça en a. Un conflit ancien est sur le point de revenir, dit Miel. 

— Les graines de l'hérésie que j'étais censé étouffer ont poussé juste sous mes yeux aveugles ! s'emporta Nakirée.

— Moi aussi, je n'ai rien vu venir. Alors que j'étais là lors de la Brisure, et je suis resté là depuis, mais... Burrhus est arrivé et el m'a utilisé sans que je ne me rende compte de rien...

— Oh pauvre petit ange, s'énerva encore Nakirée, tous ses regards concentrés sur les machines. 

— Vous pourriez pas arrêter votre blabla à demi-secret pour m'expliquer ce qu'il se passe en fait ? s'agaça Hémoée. J'en peux plus !

— La loi des primordieux nous l'interdit Hémoée, expliqua Miel.

— Oh comme c'est pratique ! s'énerva l'adolescent. 

— Tout ira bien, souffla Miel. Les démons ne peuvent pas nous atteindre ici. 

— Les démons ne sont pas les seuls à visiter Sicad aujourd'hui, ricana Nakirée. Les monolithes pourront nous abriter des premiers assauts démoniaques, mais pas du souffle de... de Nukvah. 

Hémoée ouvrit grand tous ses yeux. Miel baissa le regard et murmura :

— Que fais-tu Nakirée ? Que fais-tu sur ces machines ?

— J'ouvre tous les accès au complexe. Maintenant que tu m'as forcé la main pour les ouvrir, autant laisser entrer et abriter un maximum de personnes en attendant de l'aide. Avec un peu de chance, nous pourrons évacuer avant que le feu de Nukvah ne réduise Sicad en cendres. Si j'arrive à contracter la flotte d'Éden... Luisiel m'a dit qu'elle était non loin. 

— Et Burrhus ? Pas de trace d'el ? demanda Hémoée. J'ai beau chercher. Son halo n'est pas dans le réseau. 

— El est encore en train de se battre contre Vélinel je suppose, dit Miel.

— El aussi doit avoir compris que Burrhus veut les azohim du tombeau, déduisit Hémoée. Mais pourquoi ? Vous le savez ? Oui, oui vous le savez. Une hérésie...

Miel sourit face à l'esprit vif de l'adolescent. Nakirée voulu faire de même, mais la colère qu'el ressentait envers l'ange l'en empêcha. 

— Miel, tu es vraiment, vraiment, vraiment stupide, cracha soudain Nakirée, rendu puéril par ses émotions fortes. 

— Je sais, souris Miel. Excuse-moi d'avoir fait confiance à un serviteur d'AZ, qui semblait partager mes convictions

— Un séraphin étranger débarque ici et t'as vraiment cru qu'el voulait juste t'aider à faire ton coup d'État ?! 

— Oui ! Je pensais qu'el voulait m'aider à récupérer mon trône. En échange, el veut récupérer un noyau, surement celui de la reine Kokab. El veut la ramener à la vie. 

— Tout ça pour ça !?

— Ma mère, ma mère est ici Nakirée, souffla alors Miel en posant sa main sur sa poitrine.

— Oh... par EL, soupira le chérubin. 

Nakirée recula soudainement, abandonnant un instant ses machines, ses opérations d'archéo-tech. 

— Tu comprends à présent ? haleta Miel. 

Nakirée soupira encore, secoua la tête. Hémoée le regarda intensément, les yeux remplis de questions. 

— Prends ça, dit soudain Miel en nichant une petite boule de cristal dans la paume de Nakirée. 

— Encore un cadeau d'adieu, soupira le chérubin.

— Je t'aime.

Miel adressa un dernier regard à Nakirée, pétillant d'amour. Puis el tourna les talons et disparu. Nakirée attrapa Hémoée et le garda sous son aile. 

— Reste auprès de moi, mon fils. Nous avons un appel très important à passer.


Retrouvez la suite de l'histoire dans :

Le Cycle des Cieux - Tome 2 : Le Fitzarch Pénitent


Dans la même série :

Le Cycle des Cieux, Tome 1 : Les Gardiens de Sicad

Le Cycle des Cieux, Tome 2 : Le Fitzarch Pénitent

Le Cycle des Cieux, Tome 3 : La Route du Pendu

Le Cycle des Cieux, Tome 4 : Intrigues au Palais d’Argent

Découvrez le lore dans :

Le Cycle des Cieux, Lore 1 : L’Histoire de la Création selon les élohim

Le Cycle des Cieux, Lore 2 : Le Livre des Anges

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