Chapitre 20 : Deuil

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Myrek sentit la douleur sous son crâne avant d’entendre les bruits. Les bruits de coups sur le bois et sur la pierre. Les bruits de bois brisé. Les râles des monstres. Il ouvrit lentement les yeux, il était allongé dans la grande salle, le visage d’Ermeline juste au-dessus de lui.

“Il s’est réveillé !”

Elle avait tourné la tête vers l’entrée, vers les bruits. Il tenta d’y jeter un œil, difficilement. Des meubles avaient été renversés devant la porte et Yven tentait tant bien que mal de renforcer la barricade improvisée.

“Myrek, il faut que tu relances ton sort, vite !”

Les idées se connectèrent en même temps que les souvenirs revinrent, et Myrek compris l’urgence de la situation. Le sort s’était arrêté quand il avait reçu ces visions, et par conséquent, les réanimés les avaient sentis et étaient venus les chercher. Il se mit assis tant bien que mal et chercha des yeux le bocal de la fleur. Lancer le sort ne fût pas simple mais il y arriva. Le maintenir serait par contre plus compliqué.

“Reprends le s’il te plaît.”

Il se sentait vidé, épuisé. Il ne savait pas combien de temps il était resté inconscient mais ça ne l’avait pas reposé. Il effectuèrent la balance et il souffla alors que les bruits à l’entrée cessèrent. Yven recula prudemment, toujours tourné vers l’entrée. Un silence pesant s’installa petit à petit alors que les pas des réanimés s’éloignaient à l’extérieur. Yven aussi se détendit alors et s’approcha de Myrek, l’épée toujours au point.

“Bon sang qu’est-ce que vous avez fait ? Qu’est-ce qui vous a pris de sortir jouer avec un de ces monstres ? Vous auriez pu tous nous tuer par votre inconscience ! J’ai à peine eu le temps de m’en débarrasser et de vous rentrer avant que cette horde débarque à la porte !”

Le soldat avait crié, il était sur les nerfs, une recrue aussi inconsciente à la garde aurait été flagellée sur place, et un soldat aguerris aurait signé l’arrêt de mort de son escouade. S’il n’avait pas eu le sommeil aussi léger et était sorti sur le palier, le monstre aurait pu tuer Myrek et Aroas avant même qu’il sache ce qu’il se passe. Il se rendit compte qu’il serait la poignée de son épée à s’en blanchir les doigts, il la rengaina et se força au calme, desserrant les poings. Myrek qui venait de se réveiller, avait été surpris par cet élan de violence, et Ermeline jeta un regard désapprobateur au soldat. Comprenant qu’il n'obtiendrait pas d’eux ce dont il avait besoin, il jeta un oeil sur Aroas, toujours inconscient, et sortit de la pièce en direction des étages.

Ermeline se tourna vers Myrek.

“Que s’est-il passé dehors ?”

Myrek entreprit de relater du mieux qu’il pu les évènements, l’enfant jouant avec le bateau et les dés, les lueurs qu’Aroas avait vu dans le gamin, les visions. Ermeline l’écoutait attentivement, hochant la tête par moment. A la fin de l’exposé, elle prit quelques instants de réflexion avant de parler.

“Donc les réanimés ont encore en eux ce qui faisaient d’eux des hommes. Leurs souvenirs et leurs personnalités sont toujours là, mais réprimés par ce sort…”

Myrek, s’étant un peu remis, prit son set d’écriture et s’installa à la table.

“Ce qui m’étonne est que ce sort ne se soit pas dissipé quand le lanceur a été tué. C’est comme s’il avait été construit et figé. Je n’ai jamais entendu parler d’une magie qui puisse être figée.”

Ils étaient à leurs réflexions quand Aroas commença à s’agiter.

 

Il sentait le sol sous ses mains. Il était allongé sur le dos, les yeux fermés. Mais il voyait, ou plutôt il sentait, il entendait, il goûtait. Il était dans une pièce familière. Ou qu’il n’avait jamais vu ? Il ouvrit les yeux pour trancher, mais sa vision était obscurcie, tachetée d’innombrables lueurs et couleurs, dont il pouvait ressentir la présence, l’essence. Il tenta de se relever mais sa tête lui tournait alors il s’assit juste. Devant lui se tenait deux personnes, un homme et une femme, qui le regardait, ils semblaient inquiets. Ces visages aussi lui étaient familiers, et il aurait pu jurer avoir déjà entendu les mots qu’ils prononcaient, mais leurs sens ne parvenait pas jusqu’à sa conscience. Il regarda autour de lui. Il lui semblait avoir des souvenirs de cette pièce, de cette maison. Mais plus colorée, moins délabrée. Mais pourtant il aurait juré l’avoir toujours connue terne et poussiéreuse. 

Il se releva, il sentait qu’il y avait quelqu’un à la porte, il voulait sûrement rentrer, mais des meubles étaient tombés devant celle-ci. Il s’approcha et les écarta, sans problème. Il ouvrit la porte et descendit les marches. Il n’y avait pas qu’une seule personne, c’était une fête qui se préparait ? Il reconnut Kile, qui avait fait tout le voyage depuis se ferme à la frontière elfe, Guberg qui avait laissé sa femme et sa fille à Namas Therent pour aller voir ses parents quelques lieues au sud de Namas Cintas. Il pouvait nommer chacun d’entre eux, mais une étrange sensation l'envahit. Il se voyait travailler la terre, années après années, constamment consommé par l’anxiété que les elfes puissent un jour décider d’attaquer, mais incapable de laisser la terre de ses parents. Mais il se voyait aussi voyageant dans les vallées, pensant à l’odeur nostalgique de la maison de son enfance qu’il allait retrouver à la capitale. Il avait vécu ces vies, mais ce n’était pas possible, il avait ces hommes et ces femmes face à lui. Alors quelle vie avait-il vécu lui ?

Un migraine très intense lui envahit soudain le crâne. Il se vit sur des champs de bataille, il se vit devant des tombes, il se vit au sol agonisant.

Une main se posa sur son épaule.

Il était agenouillé au sol, entouré d’hommes qui n’en étaient plus, et de deux qui en étaient encore. Mais celui qui avait posé une main sur son épaule n’était ni l’un ni l’autre. Il était là, mais sans être là. Ils semblaient appeler un nom, ils essayaient de lui parler. Ils semblaient appeler un certain Aroas. Il chercha dans ses souvenirs, ce nom lui disait quelque chose. Laquelle de toutes ces vies était celle d’Aroas ?

 

Lymel avait évidemment assisté à tout ce qu’il s’était passé, n’ayant pas besoin de dormir et trop peur de s’éloigner, et même s’il n’avait pas tout compris, il avait compris que quelque chose clochait dès qu’Aroas avait ouvert les yeux. Ceux-ci luisaient d’une couleur violette terne, la même que celle qu’il avait vu dans les yeux de chacuns de ces monstres. Il semblait comme hypnotisé. Mais surtout, il semblait, plus proche. Plus accessible. Lymel ne savait pas réellement comment décrire ce qu’il ressentait, toutes ces histoires de magie étaient étrange, mais depuis que Myrek l’avait libéré, il avait l'impression d’être dans un monde à part, et Aroas semblait l’y avoir rejoint. Il ne fût donc pas surpris d’avoir pu poser sa main sur son épaule.

 

Yven avait entendu les meubles bouger au rez-de chaussé. Et vu la difficulté qu’il avait eu à constituer sa barricade improvisée, il fut directement en alerte. Les mages, sauf magie qu’ils disaient très difficile voire impossible en ces lieux, n’avaient pas la force de le faire seul. Cela ne pouvait être que des réanimés. Il se précipita au bas des escaliers et se dirigea en courant vers la porte ouverte. Myrek et Ermeline étaient au bas des marches, et au milieu d’une dizaine de réanimés se trouvaient Aroas et un homme inconnu qui avait sa main posée sur son épaule. Mais étonnamment, les réanimés ne semblaient pas les voir, ils se tenaient juste debout, immobiles, inoffensifs. Il dégaina son épée, s’il s’en débarrassait ce serait toujours une dizaine de moins à roder sur ces terres, mais Myrek l'arrêta ce qui relança sa colère.

“Quoi encore ? Vous allez me dire que je vais perturber l’équilibre de je ne sais quelle magie en me débarrassant d’une dizaine de ces monstres ?”

Le mage ne réagit pas, il répondit d’une voix calme.

“Ils sont toujours qui ils étaient avant, ce n’est qu’un sort qui les contrôle.”

Yven à ces mots baissa son bras. Sa colère redescendit d’un coup remplacée par de la tristesse. Et du ressentiment, envers lui, envers ce sort. Il se laissa tomber sur ses genoux, des larmes lui montant aux yeux. Myrek le vit et le raccompagna à l’intérieur tandis qu’Ermeline faisait la même chose avec Aroas et Lymel.



Ils restèrent toute la journée dans la maison. La suite du voyage attendrai, ils avaient tous besoin de temps pour se retrouver, pour partager autour de ce qu’ils vivaient. Aroas était assis contre un mur, il regardait autour de lui, semblant redécouvrir à chaque instant le monde, et Ermeline tentait de capter son attention, elle lui parlait du monde, elle lui parlait de lui. Si Myrek avait subi toutes ces visions en une fraction de seconde, Aroas était resté connecté plusieurs secondes, et revivre toutes ces vies avaient du lui faire perdre pied de sa propre identité. Myrek lui était attablé avec ses carnets, et Yven face à lui, n’avait pas décroché un mot. Il était resté attablé, perdu dans ses pensées. Lymel qui avait disparu de sa vision quand il avait enlevé sa main de l’épaule d’Aroas, assistait à la scène avec tristesse. Il prit enfin la parole, et tous l’écoutèrent.

“J’avais une femme et un fils, elle en avait un deuxième dans le ventre. Nous vivions une vie simple dans la ferme de mes parents, mais nous voulions voir le monde, changer de paysage. Nous avions décidé de partir de Mérinvieux pour aller nous installer plus au sud, nous parlions de Gélonde, mais avec son ventre, nous nous serions surement arretés sur les rives d’une ou l’autre des Mers des deux frères. Nous étions donc partis en direction de Chareaux, mais nous étions égarés et trop approchés de la frontière des Landes. Je n’avais pas le même sens de l’orientation à l’époque.”

Il marqua une petite pause.

“Ni les mêmes réflexes.”

Il soupira et sa tête se rentra un peu plus dans ses épaules.

“Cette nuit-là, un réanimé nous a attaqué. Le temps que je me réveille et que je m’en occupe, il les avait tué tous les deux. Ils se sont relevés. Et j’ai dû me défendre. Je les ai tué eux aussi.”

Myrek égoutta sa plume et la posa. Yven attrapa sa gourde et en bu quelques gorgées.

“Je me suis toujours senti responsable de leurs mort, je les ai tués en les guidant si près de la frontière, en m’endormant au lieu de monter la garde, en ne réagissant pas assez rapidement.”

Sa voix se brisait.

“Mais s’ils étaient toujours là derrière ces yeux violets. S’ils étaient toujours là quand les Landes les ont ramenés. S’ils étaient toujours là quand ils se sont tournés vers moi. Alors je les ai tué deux fois.”

Il avait le regard perdu dans le vide et des larmes coulaient de ses yeux. Il extériorisait quelque chose qu’il avait enfoui pendant 20 ans, et qui venait d’être violemment réveillé.

Myrek étendit son bras et posa sa main sur celui du soldat.

“Je suis désolé. La situation doit être difficile pour toi, comme elle a dû l'être il y a toutes ces années. Leur perte a dû être douloureuse.”

Ils restèrent ainsi quelques instants avant que Myrek ne se redresse et s’appuie contre le dossier de sa chaise. Un long moment passa avant que lui-même commence à parler.

“J’étais à l’Académie à l’époque, presque à la fin de mon cycle, et j’avais décidé d’aller visiter mes parents. Ma soeur venait de se marier et nous voulions fêter cela en famille. Une bande de brigands a choisi ce moment là pour prendre d’assaut notre propriété. Ils nous ont laissé pour mort. Mais je ne l’étais pas. Et j’avais la magie à ma disposition.”

Il tourna la tête vers Aroas et Ermeline.

“Ce qu’il a senti est le résultat de ce que j’ai tenté. J’ai tenté de les ramener, j’ai été chercher leurs âmes jusqu’aux Portes. Mais j’ai échoué, et ce faisant je les ai piégés, les empêchant de trouver le repos. Et celui que nous poursuivons ou le livre à l’origine de cet endroit ont peut être la solution que je cherche depuis toutes ces années pour les libérer et leur accorder le repos.”

Yven croisa le regard de Myrek, et les deux hommes hochèrent la tête en signe de compréhension et de soutien. Le mage ajouta un mot après avoir tourné la tête.

“Lymel te manifeste aussi son soutien.”

Et Yven, regardant dans le vide là où le fermier aurait pû être en suivant le regard du mage, répondit.

“Merci. Je ne te vois et ne t’entends pas, mais je comprends la douleur que tu peux ressentir vis à vis de ta situation.”

Lymel eut un petit sourire. Il avait lui-même beaucoup de mal à mettre des mots sur ce qu’il ressentait. Il avait eu beaucoup de mal à partir avec Myrek plutôt que de rester avec sa famille. Mais cela le faisait souffrir de les voir le pleurer. Et cela le faisait souffrir de savoir qu’il ne pourrait plus être là pour eux.

Ils restèrent ensembles, face à leurs deuils, et Ermeline manifesta son soutien pour chacun d’eux. Ils décidèrent de repartir le lendemain, en espérant qu’Aroas récupererait suffisamment d’ici là. Il avait commencé à reparler un dialecte compréhensible et semblait plus ancré dans la réalité, mais il continuait à divaguer, et ses yeux gardaient leurs teintes semblable à celle des réanimés.

Ermeline s’était installée sur les marches. Le soleil se couchait au loin et bientôt il ne resterait plus que la lumière des étoiles et de la lune pour percer la nuit. Malgré tout ce qu’ils vivaient, et malgré la dangerosité de l’endroit, il y avait une certaine beauté à ce calme, ce vide. Une certaine sérénité à s’éloigner de la civilisation, des attentes et des obligations de la société. C’était ironique qu’elle trouve cela au milieu de l’un des endroits les plus mortels du monde connu. Un endroit où elle n’aurait jamais été d'elle-même. Elle examina sa marque de coloration sur son avant bras. Durant son cursus académique elle s’était amusée à se faire tatouer sa marque, une plante qui petit à petit, grandissait, faisait de nouvelles feuilles, s’épanouissait. Elle avait toujours aimé cette idée que la magie et la vie étaient liée, comme deux faces d’une même pièce. Et que plus la vie était florissante et nourrie, plus celle-ci était magique. C’était tout à la fois, de la vérité cosmique à la leçon de vie. Leçon qu’elle avait mis longtemps avant de comprendre, se laissant très tôt bercée par les choses, ne réussissant qu’avec peine à s’engager. Un sourire triste se dessina sur ses lèvres, c’était bien ce qui les avait séparé Myrek et elle.

Serait-elle revenue en arrière pour tout recommencer ? Elle se le demandait souvent. Est-ce que ça lui aurait épargné toutes ces années de solitude ? Elle n’était pas malheureuse, elle avait une vie bien remplie, intéressante et épanouissante. Mais elle se passait souvent en tête un vers d’un poème qu’elle avait un jour lu. “Le bonheur ne vaut d’être vécu que s’il est partagé”. Et elle avait toujours eu du mal à partager. Elle ne s’était pas rendue compte à quel point cela lui manquait avant que tout ce petit monde ne débarque chez elle à Stepsea, tellement habituée à enfuir les mal être qu’elle ressentait plutôt que de les accepter et d’apprendre d’eux. Tellement habituée à se distraire par le travail. Mais ici sans travail à accomplir, elle avait le temps.

Les hommes à l’intérieur faisaient leur deuil. Yven le deuil de sa femme et ses enfants dont il prenait la responsabilité de leur mort deux fois. Myrek le deuil de sa famille, massacrée sans raison et qu’il avait privé du repos par une expérience ratée. Lymel le deuil de sa propre vie, de sa famille qu’il laissait derrière et qu’il ne pouvais plus rejoindre. Aroas, le deuil de milliers de vies qu’il avait vécu en quelques secondes pour retrouver la sienne. Elle faisait un autre type de deuil. Le deuil de celle qu’elle avait été pendant toutes ces années et qu’elle allait changer. Il n’est jamais trop tard pour faire mieux se dit-elle alors que les pas de Myrek s’approchaient d’elle.




Le lendemain matin, le groupe était prêt à repartir pour les deux derniers jours de voyage. Cette journée de pause, bien que très difficile, leur avait fait beaucoup de bien. Ils avaient trouvés dans leur groupe improvisé l’espace nécessaire pour s’ouvrir, et ils se sentaient plus proches, plus serein pour aborder cette dernière étape de leur voyage, avant la confrontation avec ce mage mystérieux qu’ils poursuivaient de puis le Grand Duché.

Aroas lui était en grande partie revenu à lui. Il lui arrivait de se perdre dans des souvenirs qui n’étaient pas les siens, mais les paroles constantes d’Ermeline l’avaient ramené dans son corps, dans sa vie. C’était une expérience étrange que de vivre simultanément la vie de tant de personnes, d’absorber tant de souvenirs. Il n’était pas certain de les avoir réellement absorbés, ni même qu’il ne replongerais pas dedans. Il se sentait angoissé de pouvoir perdre pied à nouveau. D’autant que cette expérience, en plus de surcharger ses capacités mentales, avaient changé quelque chose en lui, il le sentait.

Il avait regagné le contrôle de sa vision, mais selon ses compagnons, il avait gardé un reflet violet dans ses iris, et il arrivait à avoir des interactions physique avec Lymel, qui est censée n’être qu’une entité de Flux, pas une entité matérielle. Il avait d’ailleurs repris une forme humaine dans sa vision tandis qu’avant il était plus présent sous forme de boule de lumière se déplaçant dans l’espace. Et les réanimés aussi avaient changé à ses yeux. Il voyait maintenant les hommes et les femmes, même les enfants, qu’ils étaient avant. Il connaissait leurs vies, ils les avaient vécues. Il avait vécu leurs naissances et leurs morts. Il avait vécu des milliers de vies, et se demandait à quel point cela avait changé. Qu’est-ce qui était lui finalement ? N’avait-ce pas été altéré par cette expérience ? Il ne contrôlait pas réellement ces souvenirs, c’était plus comme s’ils se présentaient à lui par moments, comme si une vie voulait s’exprimer et s’imposer à sa vue. Il ne savait trop si c’était l’effet du sort qu’il avait touché ou bien un mécanisme de défense de son cerveau pour ne pas être noyé sous les informations, mais c’était très étrange. Comme subir des visions du passé. Voir ce chemin aujourd’hui vide et à moitié effacé comme il était à l’époque, pleins de vie, des familles voyageant, des marchands transportant des denrées diverses sur leurs chariots, des aventuriers avides de découvertes. Si ces personnes le voulaient, il devenait l’une d’elle pendant quelques pas.

Peut être était-ce le Flux qui avait gardé tout cela en mémoire, peut être était-ce le sort qui avait gardé les souvenirs de toutes ses victimes, il n’en avait aucune idée. Tout ce qu’il savait, et qu’il essayait d’imprimer à son esprit, était qui il était. Aroas, du Domaine de Gélonde, accompagné de Myrek, un mage hanté par des vies qu’il n’a pu sauver, Yven, un soldat hanté par des vies qu’il a du oter, Lymel, hanté par la vie qu’il devait sciemment abandonner, et Ermeline, qui l’avait ramené dans son corps, mais dont finalement il ne connaissait pas grand chose. 

Qui pouvait bien savoir ce que la mage ressentais, elle s'exprimait assez peu sur elle même remarqua-t-il. Il semblait que Myrek et elle ai été un jour très proche, et semblait aussi qu’il regagnaient cette proximité petit à petit, mais il n’avait fait que le deviner à leurs comportements. Il sourit, ils formaient une belle équipe, et il ne l’aurait changée pour rien au monde.

 

 

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