Entrée n°9 : 25 décembre 2204 – Edwin Dixon, mélangé

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"Joyeux Noël ! J’ai échangé des clopes contre de la dinde avec un Bleu, un vert m’a filé de la purée déshydratée pour avoir réparé ses chiottes, et j’ai réussi à piquer une boite de pêche au sirop chez les jaunes ! Un putain de festin j’vous dis !

*Des sons de couverts raclant une assiette se font entendre.*

"Alors, voilà… J’ai réparé une bonne partie de l’équipement ici. Ça m’a pris un sacré moment, et c'était pas évident. Mais bon, quand on a que ça à faire… Les vieux manuels sont plutôt bien faits.

Ce qui est incroyable, c’est le contenu de ces vieux holodisques. Il y a des heures et des heures d'enregistrements. Certains sont des notes de recherche, d’autres des réunions, ou même des conversations privées. Ils enregistraient tout. Tout ce qui se passait dans l'Abri. La vie de tous les jours, les discussions entre les secteurs, les naissances, les morts, les fêtes, les conflits. C’est une véritable encyclopédie vivante de l'Abri. Et c'est… fascinant. Il y en a tellement pour le moment j’en suis qu’aux premières années après la chute des bombes. J’ai découvert que les premiers Dixon de l’Abri s’appelaient Severus et Elisa. A priori leur fils Léo Dixon, Il n’avait que 3 ans en  2077, quand il est arrivé dans l’Abri avec ses parents et sa sœur, Jenny. On dirait qu’au début les différentes couleurs vivaient assez bien ensemble. Chacun son secteur, certes, mais il y avait un seul Superviseur au lieu d’un par couleur, et les tâches communes étaient équitablement réparties. Dingue…

A priori les gens dont j’ai retrouvé les squelettes ici n’étaient rattachés à aucune couleur et ne vivaient qu’entre eux, et le reste de l’Abri n’étaient même pas au courant de leur existence. C’est bizarre. Je crois qu’ils étudiaient le comportement des habitants et l’influence de la répartition dans son évolution. Ce que je n’ai pas encore compris c’est pourquoi la séparation des secteurs par a été instituée à l’origine, et comment les premiers habitants de l’Abri ont été répartis. Ça viendra je pense, j’exagère pas quand je dis que j’ai encore des montagnes de lecture et d’écoute qui m’attendent.

En tout cas le plus fou jusqu’ici, c'est que j'ai réussi à remettre en marche une bonne partie des systèmes de surveillance de l'Abri. Certains sont endommagés par le passage du temps, c’est sûr. Mais l'essentiel fonctionne. J’ai pu reconnecter une majorité des micros et mêmes certaines caméras. Et ça… Ça me donne une oreille et un œil partout dans l’Abri. C’est bizarre cette sensation d’être partout à la fois, surtout dans les secteurs colorés où je ne peux normalement jamais rester bien longtemps.

J'entends leurs petits ragots et leurs querelles, c’est plutôt drôle. C'est amusant de voir à quel point ces petites choses peuvent devenir importantes pour eux. L’autre jour, chez les bleus, Harold et Lydia se sont disputés pendant quasiment deux heures pour savoir qui avait laissé les lumières allumées dans leur dortoir. Et puis y’a les Oranges qui se chamaillent pour savoir qui cuisine le mieux le radcafard. Tous ces petits drames du quotidien... Ça me fait sourire, mais je ne me moque pas d’eux. C’est juste que… d’ici, ça me semble si futile, comparé aux problèmes plus profonds de l'Abri. Mais peut-être que c’est ça aussi, la vie. Des petits problèmes pour oublier les gros. En tout cas, je continue mon exploration des archives. Il y a tant à découvrir, à comprendre."

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