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[ ARCHIVES] L'Héritage d'Agora: Encyclopédie
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Le Thésée

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Un infime point lumineux émergea de la nuit froide du cosmos. Cette petite lumière s'approcha de l'orbite de la planète Agora, capitale de l'Alliance Agora, glorieuse et ambitieuse coopération galactique. Ce point lumineux était le vaisseau Thésée, revenant d'une longue mission d'exploration de 5 ans, dans les régions inexplorées du Secteur. L'équipage allait pouvoir profiter d'une permission bien méritée de 6 mois avant de repartir vers une nouvelle mission.  

Le majestueux vaisseau se plaça en orbite de la planète, plusieurs faisceaux lumineux furent projetés depuis la coque en direction de la surface de la planète. Ces rayons étaient des faisceaux de téléportation, permettant à l'équipage de se rendre rapidement sur la planète. Au niveau de l'aire d'arrivée, les familles accueillaient chaleureusement leurs proches qu'ils n'avaient vu que par conversations vidéo depuis au moins deux ans. La vie d'un membre d'ARGOS n'est pas facile et difficilement compatible avec une vie familiale. Ainsi de nombreux membres de l'équipage repartent tout simplement ensemble chez eux, leur vie en dehors du vaisseau étant également liée au vaisseau, leur famille étant le vaisseau.

Deux navettes vinrent également se poser à proximité de l'aire d'arrivée, des conteneurs accompagnés de scientifiques en débarquèrent. Le Capitaine du Thésée, le colonel Andersen était également dans l'une de ces navettes. Il donna une petite tape amicale dans le dos de l'un des scientifiques et salua les autres avant de partir en direction de la Bibliothèque.

Capitale de l'Alliance, la planète Agora abritait une gigantesque tour, digne d'une ville, appelée la Bibliothèque en raison des nombreuses archives d'une ancienne civilisation qu'elle contenait. Lors de la création de l'Alliance, ces informations furent cruciales. Encore aujourd'hui de nombreuses informations diverses y sont étudiées, mais la Bibliothèque sert davantage de centre de commandement et d'hébergement pour les troupes d'ARGOS et citoyens de l'Alliance qui se rendent sur la planète. Le colonel Andersen était un massif scandinave de plus d’un mètre quatre-vingt-dix, son physique impressionnant était atténué par un visage doux, accompagné d’une moustache épaisse qu’il chérissait comme un trésor. Il se dirigea vers le centre de commandement d'ARGOS. Bien qu'il soit en permission, un capitaine de vaisseau a toujours du travail. Il devait maintenant remplacer les effectifs dont le contrat n'était pas renouvelé.
Le colonel alluma les lumières de son bureau, baissa légèrement le niveau de luminosité afin de garder une ambiance un peu sombre. Il fouilla dans l'une de ses armoires à la recherche d'un bien précieux: une bouteille de rhum qu'il se réservait pour son retour. Il se versa avec amour un large verre et le dégusta lentement en consultant les dossiers du personnel postulant pour rejoindre le Thésée.

Bien loin de la paisible Agora, dans les Secteurs Sauvages, une autre personne s'apprêtait à terminer une longue mission. Dans les collines désertiques, un homme était allongé, observant par la lunette de son fusil un campement de pillards Sauvages. L'homme reçut un appel radio depuis son implant technologique.
— Crios, ici Ouranos. Rapport de situation.
— Ici Crios, j'ai la cible en visuel. Permission de finir la mission ?
— Patientez... Permission accordée.
L'homme allongé au sol pressa la détente de son fusil de précision, une faible détonation projeta à toute vitesse une balle au calibre perforant. Le projectile était entouré d'une faible couche énergétique, pas même un champ déflecteur personnel ne pouvait résister. La balle se logea dans la tête de l'un des hommes lézards, la faisant exploser. Le camp des Sauvages, s'agita, voulant trouver la source du projectile. Le tireur, bien loin, remballa son fusil et se leva, en prenant soin de bien garder sa cape de camouflage.
— Ouranos, ici Crios. Mission accomplie. Demande faisceau immédiatement.

Un faisceau lumineux entoura le dénommé Crios, il disparut de la planète sauvage et se retrouva en orbite, dans un vaisseau humain. La pièce où il se trouvait était circulaire, de nombreux membres d'équipage étaient occupés sur des écrans de contrôle afin de préparer le départ. Le tireur d’élite retira son imposante cape. L’homme avait la trentaine, d’origine franco-italienne, il avait les cheveux sombres et le regard perçant Les traits durs de son visage s’apaisèrent, ayant enfin terminé sa mission .Surplombant d'un étage, un homme en uniforme rouge observait la pièce.
— Permission de monter à bord capitaine ? Dit Crios en faisant le salut militaire.
— Ah, arrête tes conneries Bertinelli, s'exclama l'homme en rouge tout en poussant un petit rire. Bien joué avec les Sauvages, un campement de moins chez ses saloperies.
Le dénomme Bertinelli, Crios de son nom de code, monta les quelques marches qui le séparaient du capitaine du vaisseau.
— La traque a été longue, bien content de quitter ce vieux caillou et de profiter de ma perm'.
— Tu vas pouvoir en profiter un moment, ta prochaine affectation ne sera que dans 6 mois.
— Ah ? Pourquoi ce délai ?
— Tu es demandé par le colonel Andersen. Ça fait un moment qu'il te veut dans le Thésée.
— Andersen... Ça doit remonter au raid de MGV-3K... C'était mon officier supérieur.
— Visiblement tu l'as marqué, il veut que tu le seconde. Le Thésée c'est un bon point pour ta carrière, c'est pas en restant ici que tu va prendre du galon.
Bertinelli observa pensif le vaisseau. Cela faisait maintenant 4 ans qu'il avait été recruté par le programme Cronos après avoir servi brillamment durant les Raids. Il avait beaucoup appris auprès du lieutenant-colonel Morow, mais c'est vrai qu'un peu plus de stabilité ne lui ferait pas de mal.
— Vous avez sans doute raison capitaine, en plus s'il est toujours comme avant je ne risque pas de m'ennuyer dans son vaisseau.
— Aller, viens Chasseur, on va se mettre une murge pendant le trajet de retour, faut fêter ton départ. Un casse couilles comme toi qui se barre faut le célébrer. 
Tout en plaisantant, le capitaine donna un tape amicale à son ami et collègue.

Près de 6 mois plus tard, le commandant Bertinelli arriva sur Agora. Il déposa ses affaires à la caserne puis partit directement à la rencontre du Colonel Andersen, dans son bureau. Le colonel était installé dans son fauteuil, le bureau était très sobre, sans décoration indiquant la faible présence du Capitaine du Thésée dans celui-ci.
— Mon colonel, salua Bertinelli
— Ah ! Commandant ravi de vous voir et encore plus ravi que vous ayez accepté de me rejoindre. Installez-vous. Voulez-vous boire quelque chose ?
Bertinelli observa rapidement les carafes d'alcools disposés sur le bureau, principalement des alcools terriens, whisky et rhum.
— Simplement une larme de ce que vous prenez, j'ai pas mal de personnes à voir après, dit le commandant ne voulant pas froisser son hôte.
Le colonel versa une larme de rhum ressemblant plus à de long sanglots et se versa un large verre.
— Le cubain est mon poison, déclara le colonel en dégustant une gorgée. Passons aux choses sérieuses, je garde un très bon souvenir de notre travail lors des Raids, mon précédent second a rompu son contrat donc j'ai pensé à vous. Vous seriez en charge de l'escouade de terrain et vous officierez en tant que capitaine en second. Cela vous tente ?
— J'en serais ravi mon colonel.
— Parfait, je vais vous présenter le personnel du Thésée puis nous aurons demain une réunion avec l'État-Major concernant notre mission.

Le fraîchement capitaine en second Bertinelli passa une partie de la nuit à consulter assidument les dossiers du personnel du Thésée. Le vaisseau méritait sa réputation, sa vitesse hyper-spatiale dépassait celle des autres vaisseaux d'ARGOS, son équipage principalement composé de scientifiques possédait certains diplômes dont il n'avait jamais entendu parlé. Maintenant qu'il connaissait mieux l'équipage, il comprenait pourquoi le capitaine Andersen l'avait demandé. Bien que brillants, les scientifiques ne sont pas des militaires et ont besoin d'être cadrés, surtout dans un environnement aussi compliqué qu'un vaisseau. Une présence militaire plus forte parmi ces nombreux civils permettrait ainsi une ambiance de travail efficace et agréable.

Au sommet de la tour de la Bibliothèque d'Agora l'État-Major d'Argos procédait à une réunion, accompagné du commandement du Thésée. Le colonel Andersen et le commandant Bertinelli étaient donc accompagnés du technicien en chef, l'enseigne Driev, ainsi que du chef scientifique et médical, le docteur Akiléos.
L'amiral Solas, en charge des vaisseaux d'exploration de classe Odyssée tel que le Thésée présenta la nouvelle mission de l'équipage. Des rapports inquiétants provenant du secteur sauvage Est indiquaient qu'un ou plusieurs vaisseaux apparaissaient et disparaissaient sans laisser de trace de passages en hyperespace.
— Avons-nous des informations concernant ceux qui possèdent cette technologie ? Demanda le colonel Andersen.
— Non, cela pourrait être une race inconnue, les habitants du Cœur, ou comme nous le craignons des tentatives des Daz'.
— Les Daz sont pourtant assez tranquilles en ce moment, indiqua Bertinelli.
— Leur humeur est changeante, nous ne pouvons nous contenter de simples suppositions, trancha sèchement l'Amiral Solas. Nous chargeons donc le Thésée d'enquêter. Vous aurez à votre disposition les différents endroits où ce vaisseau aurait été repéré. Étant donné la situation tendue dans le Secteur vous ne serez pas en mesure de contacter Agora, vous enverrez vos rapports à la station ARGOS Epsilon. Bonne chance messieurs. 

L'équipe du Thésée se dirigea vers le vaisseau, afin de mettre en place les derniers préparatifs. Le docteur Akiléos, brillant olympien, fit part de ses états d'âme à son collègue technicien.
— Sans blagues, comment voulez-vous qu'on trouve un vaisseau qui se téléporte dans un si grand secteur, c'est comme chercher un gloupi dans le ventre d'un baroug.
— Calmez-vous mon ami, c'est l'aventure. Nous allons encore rencontrer des espèces fascinantes que vous pourrez étudier.
— Vos dites ça maintenant, mais quand votre moteur sera en surchauffe sans moyens de rentrer, on verra si vous êtes aussi détendu.
À entendre cette conversation Bertinelli lâcha un petit sourire. Il n'allait pas s'ennuyer avec des collègues pareils. Mais il était vrai que la mission était particulièrement obscure, même lui qui avait l'habitude des opérations brumeuses ne savait pas vers où se diriger.
L'équipe se rendit sur l'aire d'embarquement et fut téléporté à bord, exception du colonel Andersen qui préférait prendre la navette avec les bagages, détestant les téléportations. L'intérieur du Thésée bien que sobre était suffisamment élégant et chaleureux pour s'y sentir bien. Bertinelli traversa le pont administratif afin de se rendre à son bureau. Il avait commencé à décorer l'intérieur avec quelques modèles réduits de vaisseaux historiques de la conquête spatiale. Sur le mur une photographie de la remise de son diplôme à la sortie de l'académie d'ARGOS. Il s'installa à son bureau et commença à travailler. 

Depuis la fenêtre de son bureau au sommet de la Bibliothèque d'Agora, l'Amiral Solas observait le point lumineux du Thésée quitter l'orbite et disparaître plus vite que la lumière. Satisfait, il se servit un verre d'un liquide rouge ayant une légère vapeur. Il but d'un trait le breuvage et se fit un petit massage au niveau de la tempe droite avec son index et son majeur. Le Thésée partit, le travail de l'amiral Solas ne faisait que commencer...  




Prêt au départ, l'équipage du vaisseau embarqua. Le Thésée possédait les meilleurs moteurs de la flotte, il ne lui fallait que quelques jours pour arriver à la station Epsilon, en plein cœur de l'Espace sauvage Est.
Accompagné du Capitaine Andersen, Bertinelli accueillit  et salua les membres de l'équipage un à un. Ils allaient passer de nombreux mois tous ensemble, parfois sans croiser d'autres formes de vie. La bonne cohabitation de l'équipage au sein d'un vaisseau était la mission principale de l'équipe de commandement. Le Capitaine Andersen prenait bien le temps de saluer chaleureusement chaque personne, son implication personnelle était évidente. Bertinelli, encore peu habitué à ce genre de choses restait en retrait. Son attention se porta tout de même sur deux personnes en particulier.
— Major Sigurdsonn, un grand plaisir de vous rencontrer. Votre thèse sur les liens entre Terriens et Olympiens est impressionnante. Impatient de pouvoir en discuter avec vous.
— Euh, merci mon commandant. 
Le jeune major, encore facilement impressionnable exécuta un salut militaire maladroit avant de pénétrer dans le vaisseau. Le major Carl Sigurdsonn, tout comme le colonel était scandinave et blond aux yeux clairs. Mais la comparaison s’arrêtait là. Même s’il n’était pas à la hauteur de son Capitaine au niveau physique, à tout juste 24 ans, il était un sous-officier brillant, voué à une grande carrière. Xéno-biologiste de génie, il pouvait lire le génome comme les historiens lisent des livres.
— Lieutenant Ortega, ravi de pouvoir travailler avec vous, vos compétences nous seront très utiles.
— Plaisir partagé mon commandant.
Le lieutenant Amanda Ortega, dynamique ingénieur ayant une lointaine ascendance hispanique, était une spécialiste en décryptage et technologies aliens. À seulement 26 ans elle promettait de devenir l’une des plus brillantes dans son domaine. En plus d'être douée dans un laboratoire, elle possédait de solides compétences en pilotage.
Le Capitaine Andersen remarqua l'intérêt de son second pour les deux membres d'équipage.
— Vous recrutez commandant ?
— Il faut bien mon Capitaine, je ne compte pas aller sur le terrain sans la meilleure équipe possible.
Les deux officiers conclurent les salutations à l'équipage et embarquèrent à leur tour.
— Je vous ai pourtant suggéré quelques noms pour votre escouade...
— Vos suggestions étaient très bien mon Capitaine, seulement je pense que des compétences plus diverses seraient plus utiles. En cas de rencontre avec une espèce inconnue, des soldats comme moi seraient perdus, plaisanta Bertinelli.
Andersen approuva la remarque de son second. 
Ils avancèrent tous deux dans le couloir. Le Thésée, en tant que vaisseau de grande taille ne se posait jamais au sol. Afin de se rendre à l'intérieur il fallait utiliser soit la téléportation soit les navettes. L'aire de téléportation du Thésée était située sur le pont dit administratif qui comprenait entre autre l'infirmerie et les quartiers de Bertinelli. Le bureau de Bertinelli était déjà gagné du désordre habituel significatif des officiers d'ARGOS habitués au travail de terrain.
Les dossiers papiers des membres de l'équipage, format très utilisé par ARGOS, étaient triés en différents tas. Le plus petit n'était composé que de deux dossiers. Le commandant ne s'y arrêta pas, en tant que second il devait se rendre sur le pont principal afin d'assister au départ.
Le Capitaine et le commandant prirent l'ascenseur en direction du pont principal.
— Nerveux commandant ? demanda Andersen.
— Vous allez rire, mais oui. Je ne suis pas habitué à ce genre d'affectation. J'ai l'impression que le destin de l'univers repose sur mes épaules, plaisanta Bertinelli afin de se détendre.
— Tout va bien se passer, ce n'est pas si impressionnant.
L'ascenseur s'ouvrit, les deux officiers avancèrent d'un pas rapide vers le poste de contrôle.
Le pont principal était composé de deux salles, le poste de contrôle et de pilotage ainsi que d'une salle de contrôle tactique.
Le poste de contrôle était une salle circulaire, avec en son centre un poste holographique servant d'écran principal afin de visualiser les objets célestes et d'afficher la trajectoire du vaisseau. Autour de ce poste holographique, différentes consoles de commandes étaient organisées, pilotages, communication, gestion énergétique, armements, le tout supervisé par le Capitaine sur son fauteuil.
Les différents officiers techniques attendaient debout à leur poste l'arrivée de leur Capitaine. Une fois Andersen assis sur le fauteuil, tous les autres s'assirent à leurs postes. Le commandant s'installa au côté de son capitaine pour la manœuvre de départ. C'était une tradition lors des départs que le capitaine et son second soient ensemble. Le reste du temps seul le capitaine était nécessaire, parfois remplacé par le timonier lors des longs trajets.
Le capitaine appuya sur l'un des boutons de son fauteuil afin d'ouvrir un canal de communication à travers tout le vaisseau pour le traditionnel discours de départ. Un sifflement grave retentit.
— Votre attention s'il vous plaît. L'État Major d'ARGOS nous charge d'enquêter sur un mystérieux vaisseau pouvant potentiellement se téléporter. Au vu du peu d'infirmations que nous possédons, ce vaisseau pourrait être une menace ou simplement une civilisation inconnue. Ce genre de missions est le principe fondateur d'ARGOS, protéger l'Alliance et explorer la Galaxie. Notre point de chute sera la station Epsilon, une petite station de l'Alliance en plein cœur du Secteur Sauvage. La mission sera difficile, mais je suis fier d'avoir un équipage aussi compétent que vous pour la remplir. Andersen terminé.
— Trajectoire ? demanda Andersen à l'officier de navigation.
— Tout est en ordre mon Capitaine.
— Parfait. Propulseurs puissance maximale, ordonna Andersen.
— Paré, répondit l'officier délégué au moteur après quelques manipulations sur ses écrans.
Andersen se tourna vers Bertinelli à sa droite.
— A vous l'honneur commandant. 
Il se leva du fauteuil et lui laissa la place.
— Merci infiniment mon Capitaine. 
Surpris, il ne sut pas vraiment quoi répondre d'autre. Le fauteuil du capitaine d'un vaisseau était un fort symbole. Synonyme d'autorité, de pouvoir mais également de respect, de nombreux citoyens de l'Alliance rêvaient de pouvoir s'asseoir sur l'un d'eux. Pour Bertinelli c'était la première fois qu'il avait le droit à un tel honneur.
Le commandant s'assit et profita du moment pendant quelques secondes. Passé le moment d'euphorie, le capitaine en second Bertinelli devait donner le signal de départ au timonier.
— En avant.
Cette formule pourtant si simple permit au Thésée d'entrer en quelques secondes en hyperespace. Un trajet de plusieurs jours était entamé.
— Je vous laisse le fauteuil mon Capitaine.
— On y prend vite goût vous verrez. Un jour vous refuserez même la promotion au grade d'Amiral afin de rester dans ce fauteuil, plaisanta Andersen.
Derrière cette apparente plaisanterie se cachait une réalité, Andersen avait bel et bien refusé la promotion au grade d'Amiral, ne voulant pas quitter son vaisseau.
Bertinelli quitta le pont principal afin de se rendre au pont dit d'habitations. Il lui fallait maintenant recruter les membres de son escouade. Il rendit d'abord visite au lieutenant Ortega.
Elle était dans l'un des ateliers, en train de bricoler un cube lumineux technologique. Sans doute un artefact alien ou autre chose que Bertinelli ne comprenait pas. Lunettes de protections sur le nez, elle ne vit pas le commandant entrer. Il frappa légèrement à la porte afin de ne pas la surprendre et risquer de faire exploser le vaisseau, ou simplement causer une rayure au cube.
Ortega leva les yeux.
— Oh, que puis-je pour vous mon commandant ?
Elle déposa ses outils et ses lunettes de protection.
— Je viens vous recruter lieutenant. Que diriez-vous de faire partie de mon escouade de terrain ? Vos compétences sont essentielles.
— Avec grand plaisir mon commandant, répondit Ortega avec un large sourire.
— Parfait, briefing demain au poste tactique. Je vais faire mettre à jour vos autorisations.
Ortega salua fièrement le commandant.
Bertinelli se dirigea maintenant vers le pont administratif, au niveau du laboratoire médical. Bien que n'étant pas médecin Sigurdsonn pouvait en tant que biologiste profiter des installations.
Sigurdsonn était avec le Dr Akiléos, médecin-chef du vaisseau, en train de prendre un café.
— Commandant, interpella Akiléos, vous venez prendre un café avec nous ?
— Avec plaisir, j'ai entendu dire que vous le faisiez venir directement depuis la Terre ? demanda le commandant.
— C'est la vérité, votre petite planète bleue possède le plus grand trésor de la galaxie, ces petits grains sont plus précieux pour moi que les meilleurs minerais célestes.
Le docteur Akiléos était un drôle de personnage. Médecin talentueux, son plus grand défaut était tout de même son caractère; invivable s'il n'avait pas sa dose de café de qualité.  Fidèles aux standards physiques de la planète Olympus, il était grand et musclé. Selon les critères de beauté terriens, les Olympiens étaient presque physiquement parfaits. Chose amusante, du point de vue Olympien les choses étaient inversées, les imperfections terriennes étant des critères de beauté très recherchés. 
Un troisième scientifique pénétra dans la pièce. Ce n'était pas un humain comme les Terriens ou Olympiens; mais un Égéen, sorte de méduse géante de près d'un mètre quatre-vingt de hauteur flottant dans les airs. Les Égéens étaient une race télépathe et télékinésiste. L'Égéen nommé B'og était le collègue de Sigurdsonn dans son laboratoire.
— Faites attention commandant, son café est très fort. J'ai du mal à le supporter, indiqua gentiment B'og tout en dirigeant par la pensée une tasse vers ce qui pourrait se comparer à une bouche.
— C'est normal, je vous ai dit que votre système nerveux ne régulait pas la caféine. Mais ça ne vous empêche visiblement pas d'en prendre... soupira Akiléos.
— J'essaye de vous comprendre, amusants bipèdes, plaisanta B'og.
Ce petit moment de complicité était agréable. Même s'il était nouveau dans l'équipage, Bertinelli se sentit facilement intégré. Cela était bien plus facile avec les civils, n'étant pas liés par les obligations de la hiérarchie militaire.
— Major, je peux vous parler en privée ?
Le commandant et le major se déplacèrent dans le labo d'à côté.
— Le Thésée est votre première affectation dans la flotte, mais je pense que vous seriez de taille à faire partie de mon escouade de terrain. Qu'en pensez-vous ?
— Je ne sais pas trop mon commandant, hésita Carl, je ne suis pas habitué à ce genres de choses et je ne suis pas doué avec les armes.
— Les armes c'est mon rôle, j'ai besoin de vous afin de comprendre les cultures que nous rencontrerons. Nous serons accompagnés du lieutenant Ortega, tous les trois nous formerons une très bonne équipe.
— C'est gentil de me faire confiance mon commandant. -le major marqua une pause- C'est d'accord, j'ai toujours rêvé de travailler avec quelqu'un comme vous et le lieutenant Ortega est très douée.
— Excellent, briefing demain au poste tactique. Retournons terminer ce café, qui est effectivement particulièrement fort.
Le lendemain, la future escouade de terrain se retrouva au poste tactique.
La salle était circulaire, à la façon du poste de commandement, avec différentes interfaces holographiques et une table ronde au centre. Bertinelli expliqua les différentes manœuvres et spécificités du matériel qu'ils utiliseraient lors des missions sur planète. L'escouade allait avoir encore pas mal de temps pour s'y habituer, la première sortie ne se faisant pas avant d'atteindre la station Epsilon. Les membres de l'escouade avaient également à leur disposition une salle de sport dédiée, avec tous les équipements nécessaires pour se maintenir en forme, même un stand de tir en réalité augmenté.  
Au fil des jours et des entraînements Bertinelli apprenait à connaître les militaires du vaisseau.Un grand nombre avait, comme lui, participé à la défense de l'Alliance face aux raids des Sauvages. Ortega et Sigurdsonn avaient la chance de ne pas avoir connus les horreurs de la guerre. Bertinelli avait l'âge du Major lorsqu'il a participé à la guerre du Raid, un conflit qui le marquait encore aujourd'hui. Des officiers talentueux comme le colonel Andersen lui avait permis de ne pas sombrer comme d'autres soldats. Il espérait être à la hauteur d'une si grande responsabilité.
Un peu plus d'une semaine était passé et le Thésée allait arriver en orbite de la station Epsilon. Le commandant était installé dans son bureau quand soudain l'alerte rouge retentit, synonyme d'une attaque ennemie.
— Commandant au poste de contrôle immédiatement, ordonna le Capitaine via l'intercom, Epsilon est attaqué. 

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